Les acteurs du changement de la coalition « Arrêtez de financer la surpêche, arrêtez les subventions à la pêche nuisibles » à la CM13

Aujourd’hui, comme lors de la précédente Conférence ministérielle (CM13), la grande majorité des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) soutiennent le projet de texte sur le deuxième accord plus substantiel visant à supprimer les subventions à la pêche préjudiciables. Ceux-ci ont été estimés à 22,2 milliards de dollars par an en 2019 (1). Ces subventions néfastes entraînent la surpêche au-delà des capacités de régénération de nombreuses ressources. Plus de 80 % sont distribués aux flottes industrielles, finançant ainsi la pêche à longue distance gourmande en carburant qui s’accaparent souvent les ressources de la pêche artisanale côtière, par exemple en Amérique latine et en Afrique. Les distorsions provoquées par ces subventions néfastes sont profondément injustes.

Le représentant officiel de l’Inde à Genève a fait savoir au cours de toutes les conversations de cette année que le texte ne pouvait pas être soutenu dans sa forme actuelle. Compte tenu du mode de consensus selon lequel les décisions sont généralement prises dans les organisations des Nations Unies, ce point a été retiré de l’ordre du jour du Conseil général à la fin de 2024. Cela frustre de nombreux membres qui voudraient que l’OMC remplisse enfin le mandat reçu il y a plus de 20 ans de mettre fin aux subventions à la pêche nuisibles. Ce point a été renouvelé dans la cible 6 de l’objectif de développement durable 14. Mais cette échéance, fixée à 2020, a été dépassée de quatre ans maintenant.

Pour surmonter le hiatus, l’Inde a soulevé il y a quelques jours le fait que les subventions préjudiciables ne devraient pas être traitées comme des montants totaux par pays, mais au prorata du nombre de pêcheurs bénéficiaires. Il fait valoir que les montants des subventions par habitant en Inde sont beaucoup plus faibles que ceux accordés à quelques navires industriels, par exemple dans les pays dotés de flottes de pêche au long cours, et suggère que le soutien aux petits pêcheurs ne constitue pas une subvention préjudiciable au renforcement des capacités, tandis que le soutien financier, en particulier aux flottes hauturières, doit être considéré comme un renforcement des capacités et donc nuisible.

Être plus indulgent pour la pêche artisanale fait partie du consensus. Mais de même, dans une situation où les ressources sont déjà pleinement exploitées, voire surexploitées, il n’est pas judicieux d’attirer davantage d’entrants dans la pêche artisanale, comme cela a pu se produire dans certains pays par le passé. Si c’était le cas, cela plongerait réellement les petits pêcheurs et leurs familles dans la pauvreté et réduirait davantage la résilience et la productivité des écosystèmes touchés. Un cercle vicieux. L’analyse détaillée de Sumaila et de ses collègues en 2019(1) suggère en effet qu’environ 2/3 des subventions annuelles totales de l’Inde, soit environ 277 millions de dollars, à l’ensemble du secteur sont considérées comme des améliorations des capacités.

Alors, qu’est-ce qui pousse l’opposition de la délégation indienne à nier une conclusion consensuelle ? Quelle qu’en soit la raison, qu’elles soient enracinées dans la politique intérieure, qu’elles suscitent un mécontentement quant au fond ou qu’elles témoignent de la lenteur des progrès sur d’autres points de l’ordre du jour de l’OMC auxquels l’Inde tient particulièrement à cœur, les tentatives de dialogue constructif doivent se poursuivre. Les espoirs sont désormais placés lors de la CM14 au Cameroun au début de l’année 2026.

(1) Sumaila, U.R., et al. (2019). Estimations et analyses actualisées des subventions mondiales à la pêche. Politique maritime, 109:103695