Du 14 au 16 octobre, l’atelier de renforcement des capacités des pêcheurs artisanaux à Yoff – une activité menée dans le cadre de l’académie de la pêche artisanale au Sénégal – a rassemblé une trentaine de professionnels. Ils ont réfléchi à leur réalité, analysé leurs activités économiques et identifié des mesures concrètes pour améliorer leurs moyens de subsistance.

L’atelier était la deuxième occasion pour des pêcheurs, des plongeurs, des mareyeurs et mareyeuses, des femmes micro-mareyeuses et des peintres de bateaux de réaliser une série d’analyses, d’exercices de visualisation et d’échanges pour une pêche durable.

Au cours des séances de l’atelier, les participants ont élaboré une vision de ce qui constitue une vie heureuse pour eux et un plan d’action d’un an pour améliorer leurs moyens de vie. Ils ont identifié des actions prioritaires pour un changement positif dans l’activité professionnelle de chacun(e). En outre, ils ont collectivement construit un aperçu des difficultés socio-écologiques et de leurs effets sur la pêche artisanale.

L’atelier a permis aux participants de mieux maîtriser les outils visuels et d’approfondir leur analyse par la pratique grâce aux exercices et diagrammes déjà utilisés lors du premier atelier en juin.

En outre, les participants ont échangé leurs points de vue sur l’importance de partager avec les autres membres de la communauté les informations et les enseignements dont ils ont bénéficié au sein de l’académie. Ils se sont mis d’accord sur les prochaines étapes qui leur permettront de développer ces compétences pertinentes pour l’émergence du leadership et de la gouvernance du groupe engagé dans l’Académie pour la pêche artisanale à petite échelle (académie PAD) à Yoff.

Parmi les activités prévues, le partage d’outils avec les membres de la famille et des groupes communautaires, l’élection d’un bureau qui fonctionnera comme un comité local de l’académie à Yoff et qui définira un plan de travail pour 2020, constituaient les prochaines étapes importantes.

La séance d’ouverture a débuté par la prière habituelle suivie d’un discours de bienvenue et d’une auto-présentation des participants. Des représentants des comités locaux et nationaux de l’initiative ont ensuite présenté les concepts sur lesquels reposait l’Académie de la pêche artisanale au Sénégal et les Directives pour une pêche artisanale durable (Directives PAD).

L’académie de la pêche artisanale (académie PAD) au Sénégal est une plate-forme multipartite pour des échanges libres et respectueux, pour le co-apprentissage et la coproduction de connaissances et d’innovations visant la protection du milieu marin, l’utilisation durable des ressources marines et côtières et des pêcheries artisanales durables.

Figure: Une utilisation intensive des outils de visualisation permet une participation active au développement d’analyses critiques et à la recherche de solutions pour tous les participants, quel que soit leur niveau d’enseignement formel.

Par la suite, les participants ont réalisé des exercices de visualisation et de réflexion, à partir des dessins et des échanges en groupes. Ils ont commencé par définir leur vision d’une vie heureuse construite grâce à leur activité socio-économique.

Images: Représentations d’une vie heureuse par des pêcheur (en haut à droite) et de femmes micro-mareyeuses (en haut à gauche) ainsi que des détails qui permet à Nabia (en bas) de progresser avec son plan annuel des moyens de vie.

Nabia a donné un bon exemple des résultats obtenus grâce à l’utilisation de ces méthodes. Nabia est une micro-mareyeuse à Yoff.

Elle disait: «Avant, je commercialisais seulement une caisse de poisson par semaine. Durant les trois mois passés, j’ai cessé d’acheter des habits et de vouloir un portable de luxe. J’ai réduit mes journées de connexion (internet) et au lieu de 6 jours par semaine je me connecte deux fois par semaine. J’ai aussi diminué les emprunts. Ce qui est rentable et m’a aidé à avoir deux caisses de poisson à commercialiser par semaine; et comme cela j’ai arrivé à mon objectif, établi pour les trois premiers mois fixés dans mon plan annuel. Pour les habits, j’achetais un boubou à hauteur de 30,000 FCFA pour aller aux baptêmes, maintenant j’économise cette somme et je porte des habits déjà cousus. Je suis contente et je voudrais au fin d’un an avoir six caisses de poisson par semaine et une moto qui facilitera de transporter des produits».

Ensuite, les participants travaillant dans la chaîne de valeur de la pêche artisanale ont analysé leur activité professionnelle. Chaque groupe de parties prenantes a convenu des effets positifs (jaune) et des défis (orange), puis a identifié des actions prioritaires (vert) pour apporter un changement positif.

Le deuxième jour, chaque personne a élaboré un plan pour la période d’un an avec des actions à mener afin d’atteindre les objectifs intermédiaires fixés pour chaque période de trois mois. Les actions prennent en compte la situation actuelle, les défis et les opportunités selon leur propre opinion.

Le concept et les idées de base de l’académie PAD au Sénégal découlent de la nécessité de trouver des solutions aux différents défis auxquels les acteurs et les actrices du secteur doivent faire face; ils le font, par exemple, par la triangulation et la comparaison de différentes perspectives. Ce faisant, ils ont pris en compte les connaissances empiriques approfondies des femmes et des hommes dans les secteurs de la pêche, de la transformation et de la commercialisation du poisson, ainsi que des connaissances plus théoriquement soutenues par les gestionnaires, les chercheurs, les organisations de la société civile et d’autres encore.

Le troisième jour, l’académie a accueilli le Dr. Oumar Diène pour un échange sur les changements climatiques et les effets sur les modes de vie dans les pêcheries artisanales.

Photo: Le Dr. Diène (en chemise blanche, cinquième en partant de la droite) décrit les effets des changements climatiques et les efforts déjà déployés pour s’y adapter à Yoff. Maria Fernanda Arraes Treffner enregistre graphiquement les points clés de la conversation avec les participants.

Les participants ont identifié les difficultés socio-environnementales subies au cours des dernières décennies et leur perception des effets sur leurs activités économiques, qui sont consignés graphiquement dans le dessin ci-dessous. Parmi les défis mentionnés par la communauté figuraient: l’augmentation de la température de l’eau, les changements de la saison des pluies, la présence massive de migrants dans la région, l’augmentation de la population vivant dans la zone côtière et qui dépend de la pêche artisanale, la surpêche et la dégradation des ressources forestières.

Image: Parmi les effets sur leur mode de vie, les participants ont cité: la perte de connaissances sur les espèces marines et la mer chez les pêcheurs (jeunes générations et migrants), la nécessité d’aller toujours plus loin pour une bonne pêche, la réduction de la quantité et variété de poisson, entre autres.

Ensuite, Dr. Diène, géographe spécialiste de l’océanographie et responsable administratif de l’ONG locale APECSY, a partagé des informations sur la plateforme dédiée à l’environnement et à la gestion des conditions de vie à Yoff.

Cette initiative regroupe 24 catégories socioprofessionnelles ayant pour objectif le développement durable à travers l’éducation et la gestion de l’environnement.

En guise d’activité finale de l’atelier, les participants ont identifié les prochaines étapes pour le partage des outils utilisés avec les membres de la famille et les groupes communautaires.

Ils ont également décidé de créer un bureau qui servira de comité local de l’académie PAD à Yoff pour établir un plan de travail pour l’année 2020.

Quelques participants du premier atelier-test organisé à Hann en juin se sont joints à ce deuxième atelier-test organisé à Yoff – dans l’espoir d’encourager une plus grande solidarité pratique entre les communautés.

L’équipe d’animation de l’atelier était dirigée par Maria Fernanda Arraes Treffner et comprenait, par exemple, Mamadou Faye, président du comité local à Hann, Khady Mbengue, Mbor Thiaw, Marieme Sod Seck et Mamadou Mbaye, président du comité local à Yoff. Aliou Sall, président du comité national de l’initiative de l’académie PAD, a soutenu l’atelier en fournissant des contributions sur les directives PAD et, en tant que vice-président de Mundus maris, a fourni un financement clé. Nous remercions notre partenaire APECSY de nous avoir fourni de salles bien équipées.

Le rapport de l’atelier de formation est disponible ici.

Académie de la pêche artisanale