La proximité de la Journée Mondiale de l’Ocean le 8 juin et de la 12ème Conférence Ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève fut une occasion unique d’alerter tout un chacun sur la nécessité de supprimer progressivement les subventions à la pêche nuisible et ainsi arrêter de financer la surexploitation industrielle de l’océan avec l’argent du contribuable. Après avoir manqué en 2020 la date limite pour s’acquitter de leur mandat – l’objectif 14.6 des Objectifs de Développement Durable (SDGs), on s’attend à ce que l’OMC abandonne l’accord pour en rapporter les avancées durant la Conférence sur l’Océan des Nations Unies programmée peu de temps après à Lisbonne au Portugal.
Mundus maris fait partie de la grande coalition des organisations de la société civile qui suivent les négociations de l’OMC depuis de nombreuses années et mobilisent la pression publique pour parvenir à un accord substantiel. Ces efforts sont régulièrement rapportés dans notre bulletin mensuel. La coalition épaule le Président, l’ambassadeur Hills de Colombie et le nouveau Directeur Général de l’OMC, le Dr. Ngozi Okonjo-Iweala, avocat et ancien ministre de la durabilité environnementale, au travers d’innombrables actions publiques, de campagnes médiatiques et de commentaires sur les textes préparatoires des traités.
Pourquoi un accord OMC est-il si crucial?
Parce qu’un petit nombre de gouvernements possédant des navires hauturiers dépensent annuellement près de 22 milliards de dollars US d’argent des impôts pour financer des navires surdimensionnés qui pillent les ressources en diminution des pays en voie de développement de l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine. Seul un faible pourcentage des subventions parvient à la pêche artisanale côtière dans ces pays où 25% de l’alimentation provient de l’océan. Il est clair qu’en dépit de leur contribution significative à la sécurité alimentaire locale, les pêcheurs artisanaux ne font pas le poids devant la flotte industrielle pêchant pour obtenir des subventions. Ces dernières financent la surexploitation qui a déjà beaucoup réduit les prises mondiales depuis le milieu des années 1990.
Sans ces subventions, à peu près la moitié de la flotte industrielle ne serait pas viable économiquement. Et donc les arrêter signifie non seulement donner un répit aux ressources pour se reconstituer, mais aussi sauver l’avenir de la pêche artisanale et de ses captures. L’importance des subventions peut être perçue notamment en Europe où une partie de la flotte reste au port en raison de l’augmentation du cout du carburant. Ce dernier attend plus de 60% des couts d’exploitation pour la flotte hauturière industrielle. Une recherche récente a également montré que le chalutage industriel de fond détruisait non seulement des habitats benthiques essentiels mais émettait également du CO2 à hauteur de l’industrie aéronautique. A un moment où l’abandon des énergies est au centre des consciences publiques et fait l’objet de débats sociétaux, le maintien des subventions ‘carburant’ à cette industrie est complètement déphasé quand les pêcheurs artisanaux ont bien besoin d’un soutien public pour surmonter la crise actuelle.
Le samedi 4 juin, Mundus maris a organisé au centre ville de Hilden en Allemagne une séance d’information afin d’attirer l’attention sur la Journée Mondiale de l’Océan et l’urgence pour l’OMC de s’acquitter de son mandat pour libérer les finances publiques de ces subventions néfastes. Bien que l’Allemagne ne soit pas une grande nation de pêche et plutôt un gros importateur net de poisson, elle accorde plus de subventions à cette industrie que ne vaut la prise. Cela aggrave le déjà pauvre état des ressources et puise dans les deniers publics déjà mis à rude épreuve par de multiples crises avec le risque de faire subir des coupes budgétaires aux personnes socialement et économiquement vulnérables. Le Parlement Européen a récemment appuyé une motion contre le chalutage de fond. Soutenir un accord à l’OMC serait l’étape suivante logique d’autant que la réforme de la politique commune de la pêche de l’UE interdit la sur-pêche.
Beaucoup profitèrent du beau temps et de l’ambiance détendue précédant le long WE de Pentecôte, profitant des cafés de plein air ou simplement déambulant dans le piétonnier, où nous avions installé près d’un restaurant de poisson, Finlay, la mascotte de l’OMC. Les jeunes furent particulièrement ouverts à la discussion, emportant le prospcctus et demandant plus d’information. Le journal régional Rheinische Post rendit compte le 7 juin des défis de la Journée Mondiale de l’Océan et de la manière dont Mundus maris y répond, dans un article de la section locale avec un teaser en première page.