Le symposium annuel FishBase-SeaLifeBase fut l’occasion de présenter les avancées en matière de recherche sur la biodiversité et d’utilisation des systèmes d’information globaux afin de promouvoir la reconstitution et l’utilisation durable des ressources marines et d’eau douce, ainsi que de leurs écosystèmes. Le symposium de cette année a été organisé par l’Université Aristote de Thessalonique, en Grèce, les 2 et 3 septembre 2024. La première journée fut consacrée aux nouvelles découvertes liées à la théorie de la limitation de l’oxygène des branchies (Gill Oxygen Limitation Theory – GOLT), tandis que la deuxième journée permit d’aborder un éventail plus large de sujets liés à la biodiversité, tout en mettant l’accent sur la mer Méditerranée.
C’est toujours une excellente occasion d’écouter et de contribuer aux récents résultats des recherches menées par les partenaires de FishBase et SeaLifeBase qui ont pu se rendre à l’événement. La conférence introductive par le Dr Daniel Pauly, intitulée « Respirer dans un monde en réchauffement », a montré comment les limitations de la surface des branchies par rapport au volume croissant du corps déterminent la croissance, le frai et d’autres événements majeurs de la vie chez les poissons à respiration branchiale. Les limitations de surface, combinées à d’autres éléments structurels, déterminent la taille et la forme d’autres organismes aquatiques, y compris ceux qui n’ont pas de branchies. La réduction de l’oxygène dissous dans les eaux qui se réchauffent ajoute des contraintes aux organismes qui respirent dans l’eau, car les échanges gazeux sont essentiels à l’apport d’oxygène pour maintenir le corps et assimiler la nourriture pour la croissance des cellules.
L’hôte de la conférence, le Dr Athanassios Tsikliras a ouvert la deuxième journée par un exposé intitulé «FishBase meets the origins of ichthyology» (La base de données sur les poissons rencontre les origines de l’ichthyologie). Maria Lourdes ”Deng“ Palomares a ensuite fait part de ses travaux innovants sur la reconstitution des prises dans les eaux douces canadiennes, afin de compléter le magnifique travail de « Sea Around Us » dans la reconstitution de tous les types de prélèvements humains dans les eaux marines.
La Dr Cornelia E. Nauen de Mundus maris a ensuite présenté de nouvelles pistes pour utiliser la capacité des systèmes d’information globaux au-delà de l’information sur la gestion de la pêche. Il est extrêmement important de mieux conseiller les gestionnaires de la pêche, car la mauvaise gestion des ressources aquatiques et de leurs écosystèmes reste à ce jour la principale menace pour la sécurité alimentaire, ainsi que pour la survie de nombreuses espèces, aujourd’hui menacées. Une étude publiée quelques jours avant le symposium dans la revue Science a montré comment une modélisation trop complexe avait conduit à une surestimation considérable de la capacité de reconstitution des ressources halieutiques en déclin. Un commentaire publié dans la même revue par Rainer Froese et Daniel Pauly, résume ce qu’il faut faire pour rétablir les ressources en déclin : « prélever moins que ce qui est régénéré ; laisser les poissons grandir et se reproduire avant de les capturer ; utiliser des engins de pêche ayant un faible impact sur l’environnement et sur les autres espèces ; prévoir des zones de refuge ou des zones interdites à la pêche en tant que réservoirs de diversité génétique ; et maintenir des réseaux alimentaires fonctionnels en réduisant la pêche des espèces fourragères, telles que les anchois, les sardines, les harengs ou le krill » (traduit du texte original anglais).
L’application FishBase Guide app deja présentée au dernier symposium peut répondre à l’impératif de laisser les poissons grandir pour se reproduire, à savoir la connaissance de la taille minimale de frai et la saison.
Cornelia a ensuite abordé deux nouvelles applications susceptibles de servir de nouveaux groupes d’utilisateurs importants. Elle a suggéré que les discussions et les éventuelles mesures réglementaires de l’Organisation maritime internationale (OMI) concernant la réduction des introductions d’espèces et des dommages potentiels et réels causés par les espèces invasives résultant du trafic maritime méritaient d’être soutenues. Le trafic maritime achemine quelque 11 milliards de tonnes de marchandises par an dans le monde entier. Il s’agit d’une voie de transfert massive d’espèces invasives qui coûte des milliards de dollars par an. Le fret n’est pas le seul vecteur. Les bateaux de plaisance, dont certains traversent des bassins océaniques, transportent également des espèces invasives.
Elle a également suggéré de réfléchir à l’utilisation combinée des systèmes de données FishBase, SeaLifeBase, AquaMaps et SeaAroundUs pour aider les pays et les pêcheurs du Sud à appuyer leurs demandes auprès du Fonds pour les Pertes et Dommages adopté par les parties dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Le comité de pilotage du Fonds a été récemment mis en place aux Philippines et la Banque mondiale s’est engagée à en assurer le secrétariat pendant les quatre premières années. Les diapositives sont disponibles ici.
Pour plus d’informations sur le symposium, voir le programme complet ici.
Traduction française de Christiane van Beveren.