La collaboration donne de la force. Forts de cette expérience, le Fish Party Nigeria, Mundus maris et le Federal College of Fisheries and Marine Technologies (FCFMT) de Victoria Island ont à nouveau célébré en ligne la Journée mondiale de l’océan afin de permettre la participation d’un grand nombre de personnes sans augmenter les émissions de CO2.

Malgré de réelles difficultés techniques, Mme AyoJesutomi Abiodun Solanke, de Mundus maris et de la FCFMT, a conduit l’événement avec compétence, sans se laisser déconcentrer par les pannes d’électricité temporaires. Cette belle manifestation s’est déroulée sous la devise des Nations unies de cette année : «Planète Océan : Les marées changent». Nous espérons tous que les choses sont en train de changer pour un mieux après plusieurs victoires importantes au cours des 12 derniers mois.

Il s’agit principalement de réduire les subventions nuisibles à la pêche par le biais d’un traité à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), où des négociations sont toujours en cours pour un deuxième tour visant à combler certaines lacunes. Les autres grands accords portent sur l’arrêt de l’extinction massive des espèces par la protection de la biodiversité sur 30 % des terres et 30 % des océans d’ici à 2030 – ce que beaucoup appellent l’accord «30×30». Ils couvrent les zones économiques exclusives (ZEE) nationales et la haute mer – cette dernière étant la fameuse BBNJ (Biodiversité au-delà des juridictions nationales).

Tous les traités négociés avec succès doivent maintenant être ratifiés et mis en œuvre rapidement. Egalement, les négociations en cours pour réduire la pollution plastique omniprésente en vue d’un traité international contraignant d’ici à la fin 2024 progressent, malgré les difficultés pratiques qui devraient être éclipsées par l’urgence de protéger la nature et la santé publique des effets néfastes, par exemple, des micro-plastiques désormais présents dans toutes les chaînes alimentaires et plus encore.

Les participants étaient des invités du Federal College of Fisheries and Marine Technology (FCFMT), Victoria Island, Lagos, des experts du Federal Department of Fisheries (FDF) et des parties prenantes de l’industrie de la pêche. Tous les passionnés de l’océan et les personnes intéressées étaient également bienvenus et plusieurs d’entre eux s’étaient inscrits via le site Web Eventbrite.

Stella Williams, vice-présidente de Mundus maris et en mission en Argentine, a adressé ses salutations les plus chaleureuses dans son introduction.

Le premier orateur, M. Oladoye David, étudiant en médecine mais également aquaculteur, passionné par la mer et membre de Fish Party, a donné une conférence sur le thème de la journée. Il a rappelé au public que l’idée d’une journée de l’océan remontait au Sommet de la Terre de Rio en 1992. En 2009, l’Assemblée générale des Nations unies a officiellement institué cette journée, qui sera célébrée chaque année le 8 juin.

Il a cité les qualités de l’océan en tant que principal fournisseur d’oxygène, régulateur du climat et centre économique pour l’exploitation des ressources vivantes, des précieuses ressources non vivantes et pour le commerce maritime. M. David a averti que de nombreuses formes de pratiques irresponsables et non durables commençaient à revenir hanter les humains en raison de la diminution des services rendus par la nature et des préoccupations en matière de santé publique. «Les micro-plastiques consommés et stockés dans les tissus des petits poissons finissent dans l’assiette des humains et provoquent de graves problèmes», a-t-il souligné. La conférence a encouragé chacun à recycler les plastiques plutôt que de les jeter, à éclairer et à stimuler les autres tout en faisant pression sur la législation et les efforts pour atténuer les dangers et susciter une «marée changeante positive».

UNEP/Cyril Villemain: Un monument de 30 pieds de haut intitulé «Turn off the plastics tap» (Fermez le robinet des plastiques) par l'activiste et artiste canadien Benjamin von Wong se dresse à l'extérieur du lieu où s’est tenue l'Assemblée de l'ONU pour l'environnement à Nairobi, au Kenya, en 2022 (photo de l'ONU).

Pour la deuxième conférence, les organisateurs ont eu le plaisir d’accueillir un expert du secteur industriel, M. Dotun Adekumisi, officier de pêche de la division «Suivi, Contrôle et Surveillance» du département fédéral de la pêche à Lagos. Il s’est concentré sur la menace de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) dans le contexte de l’économie bleue. Selon la Banque mondiale, l’économie bleue est l’utilisation durable des ressources naturelles côtières et marines pour la croissance économique tout en les préservant. Dans le golfe de Guinée, on signale que 200 millions de dollars sont perdus à cause de la pêche INN. L’objectif de la gestion des pêches est d’assurer des bénéfices économiques durables à partir des eaux territoriales. Pour ce faire, la loi sur la pêche en mer a été promulguée en 1971, révisée en 1992 et toujours en vigueur aujourd’hui même si les conditions ont changé.

L’orateur a attribué les causes de la pêche INN à la demande croissante de poisson et de produits de la mer, à des circonstances économiques et sociales difficiles, à une législation et à des systèmes réglementaires faibles, à l’absence d’activités de suivi, de contrôle et de surveillance adéquats et au manque de volonté politique. La pêche INN aggrave l’insécurité alimentaire, la perte des moyens de subsistance et des revenus de l’État, l’épuisement des stocks de poisson et les faiblesses dans la gestion des données. Il s’agit d’un problème aux ramifications étendues pour les citoyens nigérians et les autorités, qui nécessite des efforts concertés et soutenus pour réduire les subsides et renforcer l’application de la loi.

M. Francis Emmanuel Mautin, étudiant à la FCFMT, a conclu par un exposé sur la pollution marine. Les sources de pollution marine sont, par exemple, le ruissellement des terres entraînant la prolifération d’algues, le rejet direct des eaux usées, les activités industrielles et minières, la pollution atmosphérique, les activités de transport maritime et les activités d’extraction minière en eaux profondes. Comme l’orateur précédent, il a souligné l’importance des mesures de prévention et de restoration pour soulager la pression exercée sur l’océan.

Après une séance de questions-réponses animée, M. Idowu Huyinbo, organisateur de l’assemblée de Fish Party, a prononcé le discours de clôture. Il a invité les participants à considérer les trois principaux défis de l’océan, la surpêche, le changement climatique et la pollution, comme une responsabilité partagée, et à ne pas laisser aux seules agences de régulation ou aux gouvernements le soin d’y répondre. Les organisations de la société civile devraient s’engager dans le plaidoyer en ligne et partout où leurs membres se trouvent.

Il a défendu le besoin d’un projet d’amélioration des océans et des ressources qui inclurait la restauration, la protection et l’utilisation responsable des ressources halieutiques, y compris la collecte de données, l’analyse et la recherche pour les évaluations, le suivi, la diffusion d’informations, la réglementation et l’application de la loi.

Au total, quelque 45 participants ont bénéficié directement de l’événement, bravant les difficultés du réseau et renforçant leur détermination à continuer à œuvrer pour des mers saines et des populations en bonne santé.

Traduction française de Christiane van Beveren.

Journée mondiale de l’océan

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