Le documentaire X-Trillion raconte le périple de 14 femmes qui ont traversé l’océan Pacifique Nord à bord d’un voilier afin de récolter des informations sur les plastiques de surface formant ce qu’on a appelé la « Great Pacific Garbage Patch » (la grande plaque d’ordures du Pacifique). L’équipage féminin de l’eXXpedition, conduit par Emily Penn, a parcouru 3 000 milles en prélevant des échantillons afin de rendre visible ce qui n’a jamais été vu. Le film a été projeté le 1er octobre dans le cadre de la Semaine de l’Océan au cinéma «Aventure», situé dans le centre de Bruxelles. L’équipage international féminin, composé de scientifiques, de marins, de designeurs, d’ingénieurs et d’enseignants, s’est embarqué pour un voyage transformateur de près d’un mois. Les femmes ont laissé leurs familles et leurs maisons derrière elles, luttant ensemble contre la haute mer, les tempêtes et le mal de mer, pour prélever des échantillons destinés à la recherche sur les microplastiques pour une meilleure compréhension de la crise de la pollution plastique omniprésente, qui atteint des dimensions gigantesques dans cet endroit isolé, loin des terres et de la « civilisation ».
Par ce film, le spectateur assiste à la lutte quotidienne de l’équipage pour s’adapter aux routines strictes de sécurité et de travail à bord, et découvre l’ampleur de la pollution, ses effets sur la vie marine et, en fin de compte, sur les êtres humains, ainsi que les mesures à prendre pour y remédier. La discussion qui s’en suivit avec la réalisatrice Eleanor Church, des représentants d’ONG, des chercheurs et la Commission européenne a considérablement renforcé notre perception du film. Au fur et à mesure que l’échange entre les panélistes et le public fournit des détails et un contexte de plus en plus précis, le défi prit de nouveaux contours. L’ampleur de la contamination par le plastique est presque infinie et, une fois dans l’océan, le plastique est transporté dans les moindres recoins par les courants sans qu’il y ait une chance réaliste de l’éliminer de là. Cela étant, les navigatrices, aux expériences diverses, ont déjà des idées sur ce qu’il faudrait faire, comme par exemple veiller à ce que les engins de pêche perdus ou jetés à la mer soient ramassés au lieu de servir d’abri contaminant et de support pour les poissons juvéniles et autres passagers clandestins. Nous sommes parfaitement conscients du fait que les plastiques de grande taille non seulement se fragmentent sous l’effet combiné des vagues et des radiations dans les eaux de surface, libérant ainsi des produits chimiques toxiques, mais que les surfaces adsorbent et attachent également d’autres molécules, des bactéries et des virus qui seront ingérés par les animaux marins confondant le plastique avec de la nourriture. Il est donc urgent de faire en sorte que le plastique n’atteigne pas l’océan et les autres cours d’eau.
Eleanor Eleanor Church expliqua, à la lumière de ces découvertes, le soin apporté à la post-production et au découpage du film de manière à ce que le public puisse se faire une opinion sur la crise du plastique, tout en mettant l’accent sur ce que nous pouvons faire pour la contrer, en privilégiant l’espoir et la coopération.
Fasse que cet état d’esprit imprègne les négociateurs d’un traité juridiquement contraignant visant à réduire l’utilisation du plastique et la pollution afin de préserver la planète de cette menace. Cliquez ici pour obtenir plus d’informations sur le site des producteurs du film. Vous souhaitez en savoir plus sur l’économie du plastique ? Le processus de production de multiples formes de plastique est majoritairement linéaire : combustibles fossiles comme matière première, production d’un objet, rejet en tant que déchet. Une évaluation scientifique des mesures très ambitieuses jugées nécessaires pour transformer ce processus en un processus circulaire a récemment été publiée en libre accès dans la revue Nature: Vidal, F., van der Marel, E.R., Kerr, R.W.F. et al. Designing a circular carbon and plastics economy for a sustainable future. Nature 626, 45–57 (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-023-06939-z
Traduction française de Christiane van Beveren